Donc, Jin Kay Followill vit le jour à Newcastle, en Angleterre un 08 Décembre. Ce qui fut une pure coïncidence. Elle aurait pu naître dans la ville d’un autre pays, les parents de Jin exerçant un métier peu commun. Mais non. De toutes façons, ses parents écossais faisaient de la nouvelle née une écossaise d’origine. Alors, peu importait au final.
Les parents étaient trapézistes, dans un cirque portant un nom à consonance italienne, sillonnant toutes les routes d’Europe. Voilà pourquoi Newcastle était une coïncidence. Malgré le fait que leur travail nécessite une parfaite santé physique, le couple avait accepté l’enfant à naître, l’intégrant dans leur communauté de forains, monstres, bêtes et autres artistes. Ils purent reprendre le travail peu de temps après l’accouchement, ce qui était tout de même un soulagement. Ils n’avaient rien perdu de leur énergie. A savoir que Jin est née avec les cheveux châtains. Elle n’a jamais vraiment su si ses parents étaient des Néphilins ou non. Ils l’ont baptisé « Jin » car ils ne savaient pas si leur enfant serait une fille ou un garçon. Le prénom choisi à l’avance, mixte, et le second prénom à sa naissance, portant leur fille dans les bras.
Petite, Jin se faisait donc garder par plusieurs personnes différentes, c‘était à qui avait le temps à vrai dire, et toute la troupe la connaissait. Plus elle grandissait et plus elle devenait débrouillarde. Elle essayait d’aider au mieux et surtout de gêner le moins possible. Lorsqu’elle n’aidait pas, elle faisait le tour du camp, étant trop jeune encore pour en sortir. Toujours émerveillée par ce qu’elle pouvait y observer, que ce soit les tigres, les jongleurs ou l’entraînement de ses parents. S’amusant d’un rien quand on est enfant, la fillette développa cependant une passion certaine et sérieuse pour la musique, le violon notamment. La jeune fille grandit donc déjà parmi des êtres hors du commun. Mais cela lui semblait tout à fait normal. Parmi eux d’ailleurs, quelques Néphilins. Le Cirque était une sorte de refuge pour eux, ce qui était totalement compréhensible. Ils avaient au moins un endroit où personne ne les jugerait ou leurs voudrait du mal, ils avaient un travail et une sorte de seconde famille. Le Cirque était une grande famille, se soutenant tous les uns les autres.
La gamine grandit. Et devint plus utile chaque jour. Mais vint LE jour qui allait sceller son avenir. Que faire ? Comme Papa et Maman ? Ou tenter autre chose ? Elle commença alors par apprendre les rudiments de l’équilibre et du trapèze simple avec ses parents. Ils étaient tellement superbes, ils donnaient l’impression de voler comme des oiseaux. Ce fut alors des journées de dur labeur, mais la compagnie de ses parents ajoutait une touche plus douce à l’apprentissage. Au final, vers ses 13 ans, Jin choisi d’être comme ses parents, mais de manière différente. Elle ne volerait pas, elle planerait, tomberait et grimperait. Sa spécialité fut choisie : la danse aérienne sur tissu. Vous savez, ce sont des cordes de tissus tombant de très haut jusqu’au sol, avec une personne faisant des figures en étant accrochée à elles. Bien voilà. Et trois années plus tard, la jeune fille, nouvellement majeure pouvait se produire en spectacle officiellement. A côté de son travail, Jin continuait é jouer du violon, l’intégrant même parfois dans ses représentations.
Voyageant constamment, s’attardant que quelques jours dans chaque ville, le Cirque poursuivait sa route. La danseuse avait visité beaucoup de capitales différentes, gagnant sa vie modestement et à la sueur de son front. Plus les années passaient, et plus le Cirque embauchait de nouveaux phénomènes. Il restait en complète activité, cela depuis plus d’un demi-siècle, bien avant l’arrivée des parents de Jin. Les vieux s’en allaient, remplacés très vite par de nouvelles recrues, toutes quasiment Néphilins. Alors que Jin était humaine, jusqu’au bout des ongles. Mais eux n’avait pas discerner. Ils n’avaient fait aucunes distinctions entre les Néphilins et les humains lors de leur tuerie…
Le Cirque avait établi campement en Pologne, un hiver, rudement froid. La nuit était noire, le paysage d’un blanc immaculé. Plusieurs feus brûlaient aux quatre coins du camp. La famille Followill venait de quitter leurs compagnons pour retourner chacun à leur tente respective lorsque l’attaque commença. Des hommes armés avaient fait irruption au Cirque. La panique et le foutoir régnaient en ce lieu précédemment calme et convivial. Tout le monde courait en tout sens, essayant d’échapper aux matraques et autres armes à feu. Jin avait clairement l’impression de vivre la gestapo de la Seconde Guerre Mondiale. Sauf que les victimes étaient toutes autres. Tout le Cirque s’éparpilla, assistant à chaque scène, impuissants, leurs camarades, leurs frères, leur famille se faisait battre à mort, capturer ou brûler. Les Followill furent séparés. Et Jin, blessée d’une grande entaille à l’abdomen, couru. Elle ne sut dire combien de temps, la neige la ralentissant.
Les pas ralentirent, le souffle s’arrêta, la nuit passa. S’effondrant dans la neige, tâchant sa blancheur pure de son sang sale. Non loin de la bataille. Le Cirque fut anéanti ce soir là. Certainement que l’arrivée massive des Néphilins parmi eux avait trop attiré l’attention. Lorsqu’elle se réveilla, la jeune femme était écrasée par une masse lourde, très lourde. Cela n’était pas n’importe quoi, c’était l’un des tigres du Cirque. Une fois libérée de son cadavre, pleurant, elle le recouvrit de neige et continua de pleurer sa dépouille. Si lui était mort, la plupart devaient l’être aussi. Elle passa un jour et une nuit sur ce cadavre de félin, à pleurer pour cette tragédie inexplicable, mourante de froid et souffrant de sa blessure, peu lui importait vu que tout avait été détruit et balayé.
Il lui fallait cependant retrouver ses parents, lorsqu’elle se réveilla, elle retourna alors sur les lieux. Ses pas se faisait lourds dans la neige, s’y enfonçant profondément, son souffle était roque et plus fort qu’à l’accoutumé. C’est alors qu’elle se rendit compte, de par les traces qu’elle laissait dans la neige qu’elle n’était pas elle-même. Elle était plus imposante, plus féroce, plus dangereuse que la jeune femme qu’elle était en s’endormant la veille. Ses grosses pates blanches poilues lui disait qu’elle était autre chose, mais se refusait à y croire. Ce fut cette nuit passée aux côtés du félin mort qui révéla sa nouvelle identité, elle était à présent une Néphilins.
La tigresse blanche aux rayures noires arriva au campement du Cirque. Plus une trace des agresseurs, seuls les cadavres attestaient de leur passage. Ses parents retrouvés : morts. La rage. Le fait qu’elle soit un animal sauvage n’y changea rien. Cette rage venait de son cœur, humaine ou non. Jin avait 22 ans, venait de perdre tout ce qu’elle avait, et avait découvert un nouvel allié en elle. Reprenant forme humaine, sa chevelure avait radicalement blanchi, ses yeux étaient toujours bleus.
Durant des mois elle resta dans la ville proche du campement, y allant tous les jours, enterrant et récupérant tout ce qu’elle pouvait. Personne en ville ne parlait de cela, c’était comme si rien était arrivé. Comme si tout cela n’avait été qu’un cauchemar. Ne se sentant pas à sa place dans cette ville, Jin fit le chemin jusqu’en Ecosse. S’arrêtant dans quelques capitales, pour gagner de l’argent puis repartir. Le chemin fut long, des années. Et le deuil n’en finissait pas. Elle était persuadé que certains avaient réussi à échapper à cette violente nuit, tout comme elle. Elle ne pouvait être la seule survivante. Elle n’espérait pas retrouver ces gens perdus, mais espérait simplement leur réadaptation dans ce monde qui était apparemment perdu à jamais dans la violence. Elle ne croisa cependant personne durant son périple.
L’Ecosse était son pays d’origine, alors elle voulait y vivre. Mais qui sait si les routes ne l’appelleraient pas de nouveau ? Pourrait-elle supporter cette nouvelle vie de stabilité partielle? Sans son Cirque, ses parents, sa grande famille, son travail. Il fallait qu’elle retrouve tout cela, sous différentes formes, petit à petit. Et surtout, que vengeance soit faite. Ne supportant pas les agressions faites au Néphilins -cela déjà lorsqu’elle était humaine, Jin s’investit plutôt farouchement dans la défenses de ses semblables. Travaillant dans un bar comme barmaid, servant au comptoir et parfois en salle au Jolly Judge. Ce boulot lui permettant d’avoir un peu l’oreille qui traine, et de défendre les siens, quitte à se battre, armée jusqu’aux crocs.
La nouvelle ère
Lorsque la guerre et la traque inlassable et meurtrière des Néphilins débuta, Jin se trouvait à Aberdeen, exerçant déjà le métier de barmaid et habitant dans la ville depuis un petit bout de temps déjà. Elle y avait sa vie, rien de bien excitant. Jin se battait de toute son âme pour aider ses compères Néphilins à s'en sortir. Elle était très active et prenait souvent part au combat lors des émeutes. Elle en ressortait souvent bien amoché, mais peut lui important, elle ne pouvait supporter l'idée d'être traquée une nouvelle fois, humiliée et réduite à néant. Ces gens avaient déjà décimé sa famille, son cirque ... Elle n'eut jamais honte de ce qu'elle était. Elle combattit les moulins à vents durant 5 ans... Cela prit fin lorsqu'elle fut capturée, les armées de l'UAN s'agrandissant chaque jour. Ils l'envoyèrent en tant que bête de foire dans un cirque. Un cirque beaucoup moins accueillant et chaleureux que son ancienne patrie. Elle restait métamorphosée en tigre blanc tout le temps, sauf le lendemain des soirs de pleine lune. Côtoyant de réels tigres, d'autres blessures vinrent s'ajouter sur son corps. Sa cicatrice au visage venait d'ailleurs de l'un de ses camarades félins. Pendant près de 8 ans, elle fut bloquée dans ce cirque immonde, vivant dans 5 m², derrières des barreaux, dans une cage sale au possible, tantôt malade, tantôt battue. Ce style de vie l'ayant complètement affaiblie, elle perdit toute foi en l'espèce humaine et surtout sa motivation à se battre. Les années passèrent, les gens se lassèrent certainement de la voir, alors les tours devenaient de plus en plus cruels. Jin ne se laissait pas faire au début bien sûr, mais elle comprit bien vite que plus elle résistait, plus le public appréciait. Refusant et laissant tomber également, elle se mit à obtempérer, espérant par ce fait réduire son temps dans ses cages, que cela se termine par la mort lui était bien égale. La mort était un bien joli présent en ces temps.
Le cirque perdit en célébrité, et tomba peu à peu en décrépitude. Une entente avait fini par se créer au sein du groupe de félins. Un arrêté politique préconisant la mise en liberté de tous les Néphilins permis au cirque de se débarrasser de ses bêtes de foires leur permettant également de faire des économies. Avant de partir, Jin libéra bien entendu ses camarades félins, sous sa forme humaine. Elle partit, très affaiblit physiquement, mais très confiante. Elle aurait au moins réussi à prendre sa vengeance sur les propriétaires du cirque et ses employés. Leurs cris de terreur sonnaient comme une douce mélodie à ses oreilles. Elle imaginait que ses semblables n'allait certainement pas réussir à survivre très longtemps tout seul, mais au moins, ils auraient connu la liberté. Quittant le cirque basé en Allemagne, Jin revint instinctivement à Aberdeen. Toutes ses affaires étaient restées là-bas, elle savait qu'elle n'avait aucune chance de les retrouver, mais elle essayerait au moins. Puis qui sait, une vengeance avait été faite, pourquoi ne pas continuer sur cette belle voie ? Il fallait absolument qu'elle se repose et se reprenne en mains. Jin avait perdu beaucoup de poids, d'une maigreur à faire peur et scalpée de tout les côtés, il lui fallait essayer de reprendre une vie "normale"... Avant de pouvoir entreprendre quoi que ce soit d'autre. Elle récupéra ainsi son travail de barmaid au Jolly Judge qui lui n'avait pas changé.