Créatures à la voix mélodieuse les sirènes ont l’effroyable réputation d’en atteindre à la vie des inconscients qui prennent le large mais, c’est apporter beaucoup trop d’importance à la vie de ces inutiles bipèdes aux pieds marins. On peut les considérer comme un jeu, une ressource de nourriture pour les plus traditionnelles, néanmoins il ne faudrait pas négliger le talent presque magique de la race humaine qui à pour habitude de faire tourner le monde autour d’elle. Autant remettre les choses bien à leur place, pour Calypso l’homme n’est même pas un bon jouet et sa chaire n’a pas un goût assez prononcé pour être digne d’intérêt. N’allons pas croire qu’elle donne beaucoup plus de crédit aux autres prodigiums ou même à ses sœurs. Il y a toujours « deux types de gens » dans le monde et celui de Calypso ne déroge pas à la règle. Pour la sirène il existe donc elle et les autres, Calypso et les faibles. Ce n’est pas faire semblant pour elle que de traiter de la plus haute marche les autres, elle est sincèrement prête à sacrifier les innocents qui tenteraient de monter l’escalier pour lui prouver le contraire.

Cette intime conviction faisait d’elle une personne fière, arrogante diraient certains. Le fait est qu’en plus de s’estimer supérieure aux autres elle a une complète confiance en elle. Une facette de sa personne en entrainant une autre nous pourrons ajouter une tendance à apprécier à faire souffrir les autres. Attention à ne pas confondre sadisme et cruauté. Si le sadisme vise l’appropriation d’un plaisir à travers la douleur des victimes, la cruauté n’a qu’elle même comme propre fin. La cruauté étant gratuite et Calypso économe, la sirène garde ses gains pour d’autres projets.

Un si doux caractère ne serait rien s’il n’était pas accompagné d’un physique tout aussi charmant. Si certains marins avaient préféré se convaincre que les lamantins aperçus à la surface étaient en réalité de séduisantes sirènes, la comparaison était loin d’être pertinente. Seule la nuance grisâtre de la peau est un élément commun aux deux comparés (nonobstant la queue de poisson) dans le cas de Calypso. Ce qui impose chez la sirène c’est sa taille qui est bien supérieure à la moyenne de la gent féminine et qui à même de quoi impressionner l’autre sexe. En ajoutant les charmants « avantages » dont elle dispose on peut considérer qu’elle possède des bonnes bases pour faire d’elle quelqu’un de charismatique. Un charisme qui s’est affiné au fil du temps car en plus de disposer des dons communs à toutes les sirènes comme vivre sur terre comme sous la mer, parler aux créatures qui vivent dans les océans et d’envoûter les gens par la chanson (à l’origine d’une réputation de « femmes à Hommes »), Calypso possède la particularité de vieillir très lentement.

Les années à vivre innocemment étaient depuis bien longtemps révolues. Il fallait déjà s’estimer heureux d’avoir eu la chance de vivre ces quelques années de paix. L’inconvénient avec le don de vivre plus longtemps c’est l’apparition de nouveaux problèmes qu’une vie humaine ne rencontre pas. Néanmoins, Calypso n’a pas de mal à accepter de voir tous les gens qu’elle rencontre grandir, vieillir et mourir avant elle. Le véritable problème se trouve être l’augmentation d’incidents possibles, même les plus triviaux. Avoir une espérance de vie plus longue c’est avoir plus de chance de mourir, plus de chance de se couper avec une feuille de papier, plus de temps pour se faire des ennemies. Pour en revenir au commençant, c’était donc dans la plus calme des atmosphères possibles que Calypso avait grandie. Ce climat paisible son clan l’avait trouvé loin de Rome et de l’Unité Anti-Néphilins, au delà de l’océan Atlantique. Après la longue traversée, les différentes familles qui formaient le clan de Calypso s’étaient séparées pour mieux se cacher. C’est donc aux larges des côtés cubaines qu’elle avait grandie avec sa mère et sa grand-mère. Elles enchantèrent quelques habitants et bientôt la légende de Mamy Wata se répandit parmi la population.

A l’adolescence la mère de Calypso partie sans laisser de trace et la grand-mère, n’ayant pas la fibre maternelle n’hésita pas un instant à se séparer de sa petite-fille. Cette dernière repartie donc pour le vieux continent et atterrie au lycée Othelo. Ayant déjà une haute estime de soi, elle développa au sein de l’institut une animosité envers les autres Néphilins qu’elle n’avait jamais vraiment côtoyé jusque là. Les premiers ennemis firent leur apparition tandis qu’elle avançait dans les couloirs d’une marche assurée et sans jeter un regard à ceux qu’elle surnommait parfois les « paysans ». Toutefois, malgré l’antipathie qu’elle avait pour certains élèves elle fit le moins de vague possible pendant ses études. Assurer son avenir était une priorité, plus tard elle prendrait le temps de se venger si nécessaire.

Calypso termina ses études bien avant la fermeture d’Othelo ce qui ne l’empêcha pas de garder un œil sur le lycée pour se tenir au courant. De son côté, la sirène tentait de se fondre dans la masse dans la mesure du possible, sa peau grisée n’aidant pas à cette opération. Elle travaillait donc à domicile dans le monde de la finance et il n’était pas aisé, excepté pour des gens qui travaillaient au même poste qu’elle, de définir ses responsabilités. Dans le secret, Calypso se faisait une place dans le « grand » monde. Elle fit alors la rencontre d’un homme de classe aisé. Son prénom ou sa race, il y avait longtemps qu’elle l’avait oublié, ils avaient été mariés pendant un court laps de temps et c’est à cette période que Calypso avait décidé que femme d’homme riche lui suffisait amplement comme occupation.

C’est lorsque la véritable guerre éclata que Calypso eu des nouvelles de sa famille. Sa grand-mère était morte et sa mère venait de disparaître après avoir été vue pour la dernière fois avec des membres de l’UAN. Calypso ne pleura aucune de ses deux nouvelles, sa mère avait toujours été naïve et la vieille morue ne méritait qu’un trajet sans escales jusqu’en enfer. Quant à son clan, elle n’avait même pas cherché à savoir si certaines de ses sœurs étaient encore en vie. Elle avait des problèmes plus importants à gérer. La guerre ouverte qui faisait rage entre Néphilins et l’UAN venait se mettre en travers de son chemin. Il viendrait le moment fatidique où on lui demanderait de choisir son camp, bien qu’elle n’est pas véritablement le choix. Mais comment choisir l’équipe avec qui l’on veut combattre si pour vous les deux adversaires ne font qu’une équipe. S’il y avait ceux qui voulaient la paix, ceux qui voulaient combattre et ceux qui tentaient de survivre dans toute cette agitations, Calypso ne voyait que deux groupes. Elle et les faibles, même si désormais elle acceptait de redéfinir ses critères pour donner : Calypso et les crétins-qui-n’ont-rien-de-mieux-à-faire-qu’à-s’entretuer-ce-qui-dans-l’absolue-n’est-pas-un-problème-si-seulement-il-ne-mettait-pas-en-danger-la-grande-Calypso-Prima-Australis.


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